Par DonkeyKong - 31/05/2009 07:30

Aujourd'hui, un SDF mendie à un feu rouge. Je suis la seule voiture et il se montre bien insistant. Agacé, je lui donne cinq centimes pour qu'il arrête. Il s'en est servi pour rayer ma voiture. VDM
Je valide, c'est une VDM 60 692
Tu l'as bien mérité 21 815

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#1 : Il ne doit pas donner s'il ne veut pas ! Si on commence à donner de l'argent à tous les SDF qu'on voit, on en sort plus hein. La dernière fois, j'ai payé un sandwich à un SDF qui me l'avait demandé, il a été hyper impoli avec moi et j'ai regretté d'avoir été gentille. 'Faut arrêter de prendre les gens pour des pigeons.

Faut peut-être être généreux mais si l'histoire se déroule en région parisienne, sans l'excuser je le comprends parfaitement: on est sans cesse sollicité et ça fini par lasser, parce que d'abord si on donnait à tout le monde on se retrouverait aussi sur la paille, et puis en plus on n'est jamais sûr que ce qu'on donne est bien pour la personne à qui on donne. Il faut savoir qu'il existe des réseaux organisés et que le mec qui récupère ce que l'on a donné roule en BMW alors que ceux qui mendient pour lui on à peine de quoi manger... ben je suis désolée mais moi ça me donne pas envie de donner, je préfère faire un don à la banque alimentaire ou aux resto du coeur...

Commentaires

J'ai été particulièrement choquée par le message de #22 du coup je n'ai pas tout lu après, je ne sais pas si quelqu'un d'autre t'as déjà répondu... Donc: 1) Le travail on ne le trouve pas si facilement que tu as l'air de le dire, il n'y a qu'à voir les chiffres du chômage... 2) Les SDF ont parfois un boulot, ma mère a un de ses collègues qui a été SDF pendant longtemps et ce malgré son travail, il suffit de voir le prix de l'immobilier et certains salaires pour comprendre... 3) On n'est pas forcément SDF parce qu'on est des "feignasse", il y a des gens qui sont SDF parce qu'il leur est arrivé un drame dans leur vie, des enfants rejetés par leurs parents, un divorce, etc... 4) Il y a des SDF qui sont retraités, ils n'ont plus l'âge de travailler mais ont une retraite tellement misérable qu'il n'arrivent pas à en vivre... Voilà, c'est à peu près tout ce que j'ai à dire... Il faut réfléchir un peu avant d'insulter les gens comme ça...

En tant qu'ANCIENNE MENDIANTE, je vais vous racconter vite fait mon expérience, afin que certains puissent se rendre compte de cette réalité. Je n'étais pas SDF à proprement parler, mais je me battais pour garder mon toit. Car je savais qu'une fois mon studio perdu, le cercle vicieux commencerait et il serait presque impossible de s'en sortir. J'ai donc arrêter d'utiliser l'électricité, le chauffage, ne gardant que l'eau pour pouvoir me laver, car être propre est indispensable pour retrouver un travail. Et ne pas avoir les habits qui sentent le moisi. La rue me menaçait, et je dépendais entièrement de la générosité des citoyens pour pouvoir m'en sortir. ALORS QUE FAUT-IL DONNER, ARGENT OU NOURRITURE ? Et bien les deux. J'étais toujours très heureuse quand on me donnait de la nourriture, car quand moi j'achetais je ne prenais que ce qui donne le plus l'impression d'avoir le ventre rempli en étant pas cher: le pain de mie au ketchup, et les yaourts. Les fruits j'allais dans un verger abandonné, et pendant deux mois mes repas c'était pain-mirabelles-cerises-yaourts. Quand je faisais la manche je me plaçais près d'une boulangerie ou d'un supermarché, car parfois les gens donnaient un repas. Est-ce qu'il faut donner des restes ? Pourquoi pas. Moi j'évitais de manger ce que me donnaient mes compagnons de fortune, car dans nos conditions précaires les maladies ça circule, notamment la gale. L'argent c'était indispensable pour : - sauvegarder mon studio jusqu'à l'obtention d'un travail - payer mes serviettes hygiéniques - acheter du savon, et du shampoing - acheter des mouchoirs et du papier toilette - payer les photocopies de cv et le cyber-café pour les offres d'emploi du net - recharger mon téléphone pour appeller les employeurs - payer le bus pour aller aux entretiens - acheter des croquettes pour mon chien - payer mon produit de lentilles de contact Donc si on ne nous donnait que de la nourriture, ça aurait été impossible pour moi de m'en sortir.

Premièrement, moi je pense qu'ils se font plaindre, parce qu'ils disent "ouais nous on est à la rue, on a faim...", mais quand on leur donne un petit pain à la place d'une pièce et qu'on se le voit renvoyer à la figure, ça nous donne pas envie de donner. Deuxièmement, quand tu te balades tranquillement dans les rues (de Lille pour mon exemple), tu fais pas 100 pas avant de te faire accoster par un de ces gens (généralement déchiré) qui te demande de l'argent ou un ticket resto, et qui se permet en plus de t'insulter si t'as le malheur de rien avoir sur toi, moi perso c'est plus de la pitié que je ressens, c'est de l'enervement. Petit ps: Mais d'où sortent ces magnifiques cartons avec une superbe feuille imprimée et impeccablement mise en page que portent les "SDF" qu'on voit aux feux rouges?

A présent, L'ALCOOL. Sujet qui fait débat. Laissez-moi vous expliquer : Je n'ai jamais touché à l'alcool, car je savais que si je commençais je risquais de ne pas pouvoir m'arrêter. Alors, pourquoi les gens boivent ? - L'alcool est très utile pour ceux qui dorment dehors, en hiver, car il donne une sensation de chaleur, ce qui n'est pas négligeable quand il fait -10. Le problème, c'est que cette chaleur n'est qu'une impression, du coup on est moins vigilants et le risque d'hypotermie est réel. Mais qu'est ce que mes amis n'auraient pas fait pour avoir moins froid. Le problème, c'est que la dépendance arrive vite. -L'alcool est moins cher que la bouffe, dans le sens où avec 20c la canette, on n'a plus la sensation de faim. D'ailleurs, les clopes sont un excellent coupe-faim pour manger que tous les deux jours, et du tabac roulé revient moins cher que de s'alimenter. Ce système de clope, je m'en servais quand je ne faisais pas la manche pour aller à l'ANPE ou rédiger mes lettres. - L'alcool permet d'oublier, et qui plus qu'un homme ou une femme qui n'est plus que l'ombre de lui-même a besoin d'oublier sa situation. On soulait les soldats pour aller au combat, de même les SDF se soulent pour aller mendier, pour être là, au pied des gens comme un détritus, pour avoir le moins possible conscience de cette humiliation. Moi j'avais les clopes que les gens me donnaient, qui me permettait de m'occuper, de ne pas vraiment être là, sur un bout de trottoir, devant le regard méprisant des gens. D'ailleurs, la clope est le dernier lien qui semblait m'unir aux genre humain, elle me redonnait une humanité, car si les mendiants fument, les gens qui passent devant nous aussi. ça permet d'avoir l'impression de toujours avoir quelque chose en commun, même si c'est dérisoire.

Eh ben wahou, quel débat O.O Moi, j'aurais plus tendance à dire VDM quand même.

ET ENFIN, QUI SONT-ILS ? Ils sont moi, vous, eux, n'importe qui peut devenir SDF. L'histoire de mes compagnons était toujours la même: rupture familiale. Et pour les moins jeunes, il y avait en prime un divorce, la perte d'un travail ... Il y a aussi beaucoup d'étudiants non-boursiers, car la bourse est attribuée sur les revenus de leurs parents, alors qu'ils les ont mis dehors. Et ils n'ont pas le droit au RMI. Et l'allocation d'études, prévue pour ces personnes, n'est attribuée qu'à un cas sur 20. Les 19 autres ... ben ils se débrouillent. Aujourd'hui je m'en suis sortie, notamment grâce à tous ces gens qui m'ont donné, 20 centimes, 1 euros, parfois plus .. Grâce à eux, aujourd'hui je suis secrétaire, et j'ai pu reprendre mes études. Même si ce n'est pas le cas de tous, les nancéens ont du coeur. A mon tour je rends la pareil, j'ai crée une assoc' pour aider les jeunes à trouver du travail.

Merci pour ce commentaire très interessant #142

Idrea54 : wouaouh, ben tu peux être sacrément fière de toi!!

#147 Merci :) Dernier ajout: j'ai eu la chance de trouver un travail, mais ce n'est pas le cas de tous. Je ne peux pas nier que certains, découragés, ne cherchent plus. Ils savent qu'ils ne trouveront pas de logement sans une paye, mais trouver un travail sans logement c'est presque impossible. Il y a les foyers biensur, mais, QUAND il y a des places, ils sont de toute façon réputés dangereux. La rue est un milieu particulier, où ce que l'homme a de meilleur et de pire en lui s'expriment de façon plus extrême. Vous ne trouverez nulle part une telle solidarité, celui qui n'a rien partage son pain, ou sa canette, même ses bons plans pour récupérer la nourriture que les magasins jettent. Attention à remettre en place les poubelles, car sinon pour se venger les directeurs mettent de la mort au rats, et c'est l'empoissonnement assuré. Dès qu'un nouveau arrive, il est brieffé sur les endroits les plus abrités pour dormir, les points d'eau, les toilettes ou les fourrés bien épais, les endroits où recevoir une aide comme pour les médicaments, les habits, la soupe chaude ... Et c'est aussi là que la violence est aussi plus forte. C'est une vie parallèle à la société. N'en faisant plus partie, de nouvelles lois régissent les trottoirs. Les SDF ont leur territoire où il mendient, et ça ne se fait pas de se mettre trop près, "piquant" ainsi des gens généreux au premier qui était là. Les bagarres sont monnaie courante, car la loi n'a plus vraiment d'importance quand on se bat pour la meilleure poubelle, ou parce que l'un n'a pas remboursé à l'autre les deux euros qu'il lui a prêté, et dont il a absolument besoin pour payer le véto. Il faut aussi savoir qu'une fois qu'un SDF retrouve un boulot, il est très dur pour lui de tenir : son corps, après avoir souffert des mois voir des années de malnutrition, est très affaibli, même si ça ne se voit pas. Peu de SDF mangent des légumes, des fruits, de la viande, des produits laitiers, ils vont préférer ce qui est le moins cher et le plus "bourratif". Le froid et l'humidité auront fait des ravages à son organisme, aux muscles, aux os, et travailler va devenir douloureux. Enfin, ceux qui s'en sortent ont froid pendant très longtemps, et par ailleurs ils culpabilisent de s'en être sortis. Même si le corps tient le choc du travail, Ils sont tentés d'aider les autres restés dehors, ou bien non n'arrivent plus à s'insérer dans le monde "normal", se sentent en décalage. Moi je ne me sens plus à ma place nulle part, ni dans un bureau, ni dans la rue. Je me retrouve comme beaucoup, perdue entre deux mondes. Ayant perdu l'innocence que mes collègues ont gardé, ayant réussi là où mes compagnons de fortune ont échoué. On n'oublie jamais ce qu'on a traversé, et je crois que ça marque tellement qu'on se sent définitivement différent. En dessous de mon tailleur, de mes cheveux bien coiffés, la rue reste gravée en moi. Quand je vois un SDF, je viens toujours m'assoir à ses côtés, lui donner des conseils, un peu d'argent, un peu de pain, un peu de chaleur, d'humanité. Je ne peux plus jeter de la nourriture. A la cantine je mange jusqu'à m'en rendre malade pour finir mon assiette, même à avoir très mal au ventre. Je ne peux pas m'empêcher de tout stocker, nourriture, babioles, comme si j'allais manquer à nouveau. Je n'arrive pas à jeter les choses devenues inutiles, toute petite propriété est comme un trésor. Voilà, c'était la vie d'une ancienne mendiante :) N'ayez pas peur d'eux, ils sont juste des gens comme vous, qui ont subi des épreuves qui les ont amené là, et ils ont besoin de vous pour s'en sortir.

Merci idrea54 ! :) J'espère que grâce à tes témoignages ceux qui disent qu'un sdf/mendiant doit accepter ce qu'on lui donne, en n'ayant le droit que de fermer sa gueule et de s'estimer heureux de ce qu'on veut bien lui donner se sentiront bien bêtes...