Validisme ordinaire

Par InDoGa - 19/11/2014 16:01 - France - Brélain

Aujourd'hui, étudiante autiste en école d'ingénieurs, j'ai du mal avec un exercice d'informatique. Le professeur vient alors me voir en me disant : "Il faut se dire qu'un ordinateur, c'est comme un autiste : super puissant mais super con !" OK, merci Monsieur. VDM
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Commentaires

TrustNo1 7

De nombreuses personnes souffrent énormément d'autisme, mais je vois ici pas mal de cas de personnes auto diagnostiquées ou qui sont parties chercher LE spécialiste pour parvenir a ce diagnostic. Je ne cherche pas a blesser les gens, mais parfois il faut savoir se voir au delà du handicap...

Cependant, l'autisme, même dans une forme plutôt mince, reste très envahissant et problématique. Ce n'est pas à prendre à la légère, loin de là... Après un auto-diagnostic n'est pas suffisant. Pour moi, et comme de nombreux autres, seul un diagnostic du CRA ou d'un service équivalent avec batterie de tests et contre-expertises entre plusieurs spécialistes est fiable. Ce qui est mon cas. Ne parle pas à la légère d'un handicap que tu ne vis pas au quotidien.

TrustNo1 7

Je pensais bien que mon commentaire blesserai, le problème c'est que depuis mon téléphone j'ai été limité a une centaine de caractères. On va donc reprendre en essayant d'ignorer un peu le manque de précision de mon commentaire précédent. Je n'ai nullement l'intention de blesser qui que ce soit ici, je le précise encore une fois, et je ne vise absolument personne. Ce que j'ai trouvé curieux ici c'est que sur environ 200 commentaires, plus de dix personnes autistes se sont manifestées, toutes semblant s'exprimer parfaitement derrière leur clavier. Evidement je respecte énormément les personnes souffrant de n'importe quel handicap, et j'imagine sans problèmes que pour certaines de ces personnes réussir à s'exprimer si clairement peut être un vrai challenge. Là où je voulais en venir, c'est que si l'on se trouvait en france avec la même proportion de témoignages venant de personnes atteintes d'autisme que ici, alors un peu moins de 3 millions et demis de français vivraient en souffrant d'autisme. Je ne dis pas qu'aucune des personnes ici est autiste, attention, mais le nombre de témoignage a tout de même frappé mon attention. C'est facile pour vous de dire que je n'y connait rien vu que je ne suis pas totalement d'accord avec vous. Le fait est que je connais une personne autiste qui a la mentalité d'un enfant de 6/8 ans alors qu'elle en a 25 (je ne parle pas d'un syndrome de Dawn mais bien d'autisme). Oui cette personne souffre et ne pourra jamais complètement vivre par ces propres moyens. La où je voulais avant tout en venir, c'est sur le fait que certains messages m'ont donc pour le moins choqué. Entre " Et je me suis fait beaucoup de bien en humiliant ces "hussards de la république" une fois bien au dessus d'eux sur tous les plans. " et "Donc, toute relation amoureuse suffisamment sérieuse entre un aspy avec un non-membre de notre communauté serait vue comme une trahison"... Certes je sélectionne parmi les pires qu'il y a ici. J'en ai aussi vu un d'une personne qui disait qu'elle voulait faire diagnostique son copain, parce qu'elle était sur qu'il était aspi. Mais si le mec a réussi à très bien vivre jusqu'ici sans qu'on lui dise qu'il souffre de quoi que ce soit, est-ce que ça va nécessairement lui faire du bien de l'apprendre ? Si l'on peut vivre plus ou moins bien des années et années avant de recevoir ce genre diagnostique, on se rend vite compte qu'il crée un problème. Dans un cas la personne sera soulagée, puisqu'elle recevra l'accompagnement approprié et qu'elle s'acceptera plus facilement. Dans l'autre cette personne va commencer a justifier ses travers par son handicap (je suis désolé, mais il existe des co%$£rd aussi chez les handicapés, les gens "normaux" n'en n'ont pas le privilège) et sans doute se réfugier derrière celui ci à chaque fois sans chercher à faire preuve d'empathie. C'est évidement très rare, mais qui ne connait pas au moins UNE personne "normale" qui fait n'importe quoi au nom d'une maladie qu'elle subit ? Pour en revenir à l'autisme, oui ce qui m'a le plus choqué ce sont les personnes diagnostiquées si tard dans leur vie, surtout à la description de ce qui a amené ce diagnostique. Car dans ce domaine je connais un sacré paquet de personnes qui ont des troubles sociaux agavés, ça s'appelle être un gamer. J'ai moi même passé tellement de temps coupé du monde à jouer avec mes amis virtuels que je flippe totalement à l'idée d'aller chez le docteur/le dentiste, voir des potes, prendre le métro ou faire les courses. A chaque fois je dois me préparer psychologiquement pendant une heure, parce qu'en effet le monde réel est beaucoup moins confortable que l'écran de mon pc. J'ai du mal à parler (en dehors de dire bonjour/ au revoir) aux gens tant que je ne les connais pas bien, que je ne me suis pas habitué à leur présence. Est-ce que tout ça fait de moi un autiste ? Pas le moins du monde, si j'ai du mal à parler aux gens, à leur faire confiance au final, c'est parce que dans ma jeunesse j'ai été le souffre douleur de beaucoup de mes camarades, de l'école primaire à la fin de la seconde. Ce qui a amené mon repli vers le monde virtuel. Si je me considérais comme autiste, je m’arrêterai là, je ne chercherai plus à faire d'effort en me disant, "après tout c'est pas ma faute, j'y peux rien, donc pas la peine que je me torture l'esprit pour aller parler aux gens". Plein de gens ne réagiraient pas comme ça, moi oui. A la place je préfére lutter contre ça, me forcer à aller parler aux gens, me forcer à faire des présentations devant des salles pleines, réussir à discuter pendant une heure avec de parfaits inconnus. Et aujourd'hui je vis plutôt bien, je termine mes études d'ingénieur en informatique, j'enseigne en même temps la programmation à des élèves, j'ai plein d'amis. Et le premier docteur qui aura un jour l'idée de me dire que je devrais me faire diagnostiquer pour de l'autisme ou autre bouffera sa blouse. Et pour finir sur l'histoire du prof qui compare l'autisme à un ordinateur. Je ne vois pas trop comment on pourrait le blamer. Oui le choix des mots n'est pas très malin, mais on vit aujourd'hui dans un monde qui nous présente l'autisme suivant deux manière : soit t'es teubé et c'est tout, soit t'es teubé et en plus tu comptes super bien (notamment à Hollywood). C'est dans la culture, ça fait partie de la grosse tartine de déjection humaine qui se trouve dans la culture partagée de l'occident; Et suivant ce cliché, oui un ordinateur ressemble à ça. Balancer ce prof à la direction ne servirait à rien, lui même ne l'aurait pas mérité et ça ne pourrait que pourrir ça vie à lui sans améliorer la vie de l'auteur. Ce qu'il faut c'est changer les mœurs dans la durée, par prendre des mesures extraordinaires au cas par cas sans se soucier des retombées, un peu d'empathie fait toujours du bien les gens. Visiblement ici peu de gens se sont mis à la place du prof. J'espère n'avoir choqué personne, et j'encourage le dialogue/débat si vous avez des remarques ou autre. Et surtout j'espère avoir réussi à clarifier un peu plus mon point de vue. Bonne journée !

Merci Mistiik et InDoGa pour vos posts qui ne sauraient mieux résumer ma pensée. J'avais préparé un commentaire dans ma tête sur la route de retour de week-end, mais je n'aurai pas besoin le de l'écrire car vous avez déjà tout dit, notamment Mistiik qui décrit parfaitement le VRAI quotidien d'un autiste asperger. Je fus également un gros gamer pendant des années (la preuve, je reviens d'un week-end de LAN...) et toute personne s'enfonçant dans un monde virtuel n'est pas autiste, même si cela est un refuge efficace. Toute personne connaissant des difficultés de socialisation aime cela, mais cela ne signifie en aucun cas que la personne soit autiste. Les personnes schizophrènes, paranoïaques, dépressives ou ayant tout autre problème ont des problèmes de socialisation. Comme l'a fort bien expliqué Mistiik, c'est avant tout un problème au niveau du fonctionnement du cerveau et de la perception de l'environnement par les 5 sens (pas tous, souvent un ou deux, le toucher pour moi et dans une moindre mesure l'ouïe) ce qui provoque les troubles observables. Par exemple, je me brûle sur certaines parties du corps avec de l'au à 30 degrés où je suis en t-shirt par n'importe quel temps car j'ai toujours trop chaud et il est impensable de me toucher si l'on ne me prévient pas. Je peux facilement devenir très violent, même dans ma vie intime (pas facile à faire comprendre à une petite amie...). Et effectivement, le problème entre le pouvoir/vouloir est essentiel: c'est grâce au diagnostic très complet que j'ai eu que j'ai pu faire comprendre à mon entourage que certaines choses qu'ils me demandent sont impossibles à faire pour moi et pas parce que je ne le VEUX pas. C'est vrai que je me retranche beaucoup derrière mon diagnostic depuis que celui-ci est intervenu, mais c'est un vrai soulagement que de pouvoir expliquer aux autres pourquoi on est différent et de savoir ce qu'effectivement on peut faire ou ne pas faire. Pour finir, j'ai aussi été humilié, battu pendant mon enfance te mon adolescence et j'en garde une très faible confiance en moi et une défiance envers les autres, mais ce n'est pas une raison pour ne pas aller au-delà. Certaines personnes m'ont montré que j'étais quelqu'un de bien et m'ont redonné goût à la vie. S'isoler dans son monde n'est jamais la solution, c'est une solution de facilité, c'est tout et ça n'a rien à voir avec l'autisme. Désolé si ce post peut paraître un peu agressif, mais je suis toujours - trop - franc.

cité plus haut : "J'en ai aussi vu un d'une personne qui disait qu'elle voulait faire diagnostique son copain, parce qu'elle était sur qu'il était aspi. Mais si le mec a réussi à très bien vivre jusqu'ici sans qu'on lui dise qu'il souffre de quoi que ce soit, est-ce que ça va nécessairement lui faire du bien de l'apprendre " JE ne veux pas plus que ça faire diagnostiquer mon copain. LUI veut savoir ! Quand on ne sait pas de quoi on parle, on se tait. Le problème, c'est que justement, il a souffert et il souffre toujours, à cause de lui même mais également de son entourage. Si le fait de se faire diagnostiquer peut le rassurer en donnant un nom, une "forme" à ses difficultés sociales, qu'il a t'il de mal à ça ? Qu'il a t'il de mal à vouloir comprendre, SE comprendre et se rendre compte que nous ne sommes pas seul ? ça ne veut pas dire qu'il va hurler à tout va dès que quelque chose ne va pas "OH CA VA, J'SUIS ASPIE, OK !?". Mais se faire diagnostiquer, c'est la première étape pour évoluer, pour comprendre le problème et définir des moyens de lui faciliter la vie, pour moi comme pour lui. Alors très cher TrustNo1, ton pavé vomitif me renvoi au débat cité plus haut selon lequel les neurotypiques seraient des gens intolérants et étroits d'esprit, et malheureusement les personnes dans ton genre ne les aident en aucun cas à se défaire de cette idée. Informe toi, renseigne toi et fréquente de vrai Aspies pour te rendre compte qu'il n'y a pas qu'une forme d'autisme, que les Aspies sont parfaitement capables de te répondre et qu'ils pèseraient même mieux le sens de leurs mots que toi ! Et peut être te rendrais tu comptes que toi aussi, tu es capable de faire des efforts plutôt que d'attendre à tout prix que eux s'adapte à toi. Bah oui, après tout, c'est toi qui est "normal", ils n'ont qu'à faire plus d'efforts, pas vrai ??

l’intégration social.... oui c'est bien mais sa sert a rien quand on se bat contre un mur infranchissable ou il y a écrit, tu est trop différente sort! franchement on veux bien faire des effort mais eux en font t-il serieux? et les instituteur qui font tout pour aussi.... franchement si les gens était plus "ouvert" j'aurais pas raté ma 6eme parce que un prof a décidé que comme je n'arrivais pas a lire a voix haute (alors que je savais lire depuis la primaire) j'etait donc nul et au fond de la classe! a cause de lui j'ai fait un blocage sur la lecture et j'ai cru que je savais pas lire (alors que je savais recopié et comprenais ce qui y avais marqué aux tableaux) donc orthophoniste pour me débloqué et qui a confirmé : c'est psychologique car elle sait lire.

ma cp, pas ma 6eme (lapsus avec l'âge)

Je reviens sur le terme de synesthésie. J'associe moi aussi des couleurs à des chiffres ou des jours de la semaine (celui me marquant le plus est le vert pour le vendredi par exemple) mais je n'avais jamais entendu parler de ce phénomène, et comme a dit la personne qui a évoqué cela en premier (je ne me souviens plus du pseudo), je pensais que cela touchait tout le monde, donc merci de l'info ! Et en effet, débat très intéressant sur VDM pour une fois

#90 : J'avais neuf ans que je n’écrivais pas en langage SMS bourré de fautes mais normalement (j'en ai 14 actuellement et je suis loin d'être un cas isolé), comme tout le monde se doit d'écrire sur des forums ou autres alors non, ce n'est pas incroyable --' Sinon c'est pas pour être méchante hein :3, mais j'en ai marre de voir par exemple "Et désoler pour lé fote g 13 ans." alors qu'à moins d'avoir un problème particulier de ce côté là, niveau écriture on devrai pouvoir au moins s'appliquer quand on laisse un message... Et après c'est en voyant ce genre de personne écrire comme ça que naissent les clichés.

Ce n'est pas tant l'absence de fautes qui m'impressionne puisque je n'en ai jamais fait non plus (cependant il y a eu une période où j'écrivais en SMS pour ne pas passer pour une intello). C'est surtout la manière dont elle s'exprime !

TrustNo1 7

Visiblement plein de gens se sentent insultés par mes commentaires, alors je ne pousserai pas la discussion plus loin. Mon idée n'a jamais été de blesser mais de comprendre, exposer mon point de vue et éventuellement faire réfléchir. Sans doute n'ai-je pas les outils lexicaux pour y parvenir. J'en profites juste pour rappeler une énième fois que mon intention n'a jamais été de blesser qui que ce soit, mais vu qu'évidement je ne peux pas me mettre à la place de tout le monde ce n'est pas toujours facile... Bonne journée à tous

Bonsoir TrustNo1, aux Aspies ayant pris la peine d'intervenir dont l'auteure (que je remercie pour avoir posté cette VDM tout en suivant régulièrement le fil) et aux autres NT (neurotypiques ou non-Aspies, histoire de partager ces appellations). Très rapidement, j'ai découvert le SA (Syndrome d'Asperger) en début d'année et après des mois passés à me renseigner, je viens d'obtenir un pré-diagnostic par un spécialiste conseillé par le CRA de ma région. Alors même si je ne suis pas (encore) une « Aspie officielle », je partage suffisamment de caractéristiques pour me considérer comme tel. Précisions faites, je me permets d'intervenir pour « rétablir l'équilibre » à travers un point de vue Aspie « divergeant » parce que (contrairement à l’opinion asperger générale) je trouve les commentaires de TrustNo1 très intéressants et il serait dommage qu'il ne participe plus au débat. C'est mon avis. En effet, il n'a apparemment pas les « outils lexicaux » pour échanger mais au-delà des questions qui blessent, ces dernières nous confirment au moins une chose : la méconnaissance totale de cette forme d'autisme qui semble (du moins à l'écrit) tout à fait fonctionnelle. Et je suis persuadée que c'est justement ce type de personne qui pourrait nous comprendre, à partir du moment que l'échange reste… courtois. Je vais essayer de développer tout ça en alternant « pensée Aspie » et « pensée NT-ouvert d'esprit » en m'appuyant sur son commentaire du 23/11/2014 à 13h59 et des réponses suivantes. Je préviens que ce sera long ! 1) « Je ne dis pas qu'aucune des personnes ici est autiste, attention, mais le nombre de témoignage a tout de même frappé mon attention. [...]. Le fait est que je connais une personne autiste qui a la mentalité d'un enfant de 6/8 ans alors qu'elle en a 25 (je ne parle pas d'un syndrome de Dawn mais bien d'autisme). » Pour l'explication de la proportion, je suis d'accord avec MissTiik : « les personnes qui se sentent particulièrement touchées par un sujet sont plus susceptible de poster un commentaire ». Et je l'illustre aussi au passage : voici mon tout premier message. Concernant la personne de 25 ans, je rejoins IndoGa car « la personne autiste que tu connais n'est certainement pas Aspie, comme je dis il y a autisme et autisme ». Pour compléter, c'est juste qu'elle cumule autisme ET retard mental (ou déficience intellectuelle). Son autisme serait dans un certain sens la conséquence de ce retard mental, ce qui n'est donc pas le cas de l'autisme-asperger. Tout simplement. 2) « […] certains messages m'ont donc pour le moins choqué. Entre " Et je me suis fait beaucoup de bien en humiliant ces "hussards de la république" une fois bien au dessus d'eux sur tous les plans. " et "Donc, toute relation amoureuse suffisamment sérieuse entre un aspy avec un non-membre de notre communauté serait vue comme une trahison". » Je suis également dérangée par ces propos et je te comprends sur ce point. Par contre (voilà le contexte qu'il te manque), il faut garder en tête que les Aspies ont pour la plupart été harcelés pendant l'enfance, l'adolescence et le seront parfois tout au long de leur vie. Alors c'est tout à fait normal d'avoir tendance à mettre tous les NT dans le même panier, une fois que les A ont l'occasion de rencontrer d'autres A partageant leurs différences. Ça ne veut pas dire que j'approuve cette notion de trahison : j'ai croisé quelques Aspies et pour rien au monde je n'abandonnerais certains NT. Parce que ceux-là sont tolérants et qu'ils ne m'ont jamais jugée (je ne nie pas qu'ils possèdent plus ou moins des traits autistiques, ils restent néanmoins plus proches des NT !). Mais honnêtement, mes fréquentations sont plutôt à mi-chemin. 3) « […] J'en ai aussi vu un d'une personne qui disait qu'elle voulait faire diagnostique son copain [...]. Mais si le mec a réussi à très bien vivre jusqu'ici sans qu'on lui dise qu'il souffre de quoi que ce soit, est-ce que ça va nécessairement lui faire du bien de l'apprendre ? » C'est maladroit mais très important, je trouve la question légitime. En fait, il faut se poser les bonnes questions : pourquoi semble-t-il réussir à le vivre en passant inaperçu ? Qu'est ce que l'autime-asperger tout compte fait ? J'ai répondu dans le 1) : si la personne possède un fonctionnement cognitif relativement bien préservé, alors elle va progressivement « s'adapter ». On ne sait pas à la base comment interagir avec les autres donc... on va apprendre avec le temps. A force d'observer, en recherchant des informations sur les « règles sociales » plus ou moins (il)logiques à nos yeux, on finit par « paraître » normal. Pour te donner un exemple, je me permets de re-citer MissTiik : « J'ai été incapable d'exprimer la plupart des expressions faciales avant l'adolescence. Parce que chez moi ce n'est pas inné. Et au début, il y avait souvent un décalage entre mes paroles, et le haussement de sourcil qui l’accompagnait. ». Pour finir, tu as la réponse des principaux concernés dans le message d'elodye312  : « Le problème, c'est que justement, il a souffert et il souffre toujours […] se faire diagnostiquer, c'est la première étape pour évoluer, pour comprendre le problème et définir des moyens de lui faciliter la vie, pour moi comme pour lui. ». Le but est noble, c'est aussi celui que je poursuis actuellement, mais je trouve que le ton aurait pu être nuancé car le « Quand on ne sait pas de quoi on parle, on se tait. » n'aidera pas non plus à avancer dans la compréhension. Il est vrai que TrustNo1 manque de subtilité, il reste pourtant très correct dans son expression. Par sa rédaction, j'apprécie l'effort qu'il mobilise pour essayer d'y voir plus clair. Un « troll » est loin de se comporter pareil, croyez-moi. 4) « […] ce qui m'a le plus choqué ce sont les personnes diagnostiquées si tard dans leur vie, surtout à la description de ce qui a amené ce diagnostique [...] je connais un sacré paquet de personnes qui ont des troubles sociaux agavés, ça s'appelle être un gamer. J'ai moi même passé tellement de temps coupé du monde à jouer avec mes amis virtuels que je flippe totalement à l'idée d'aller chez le docteur/le dentiste, voir des potes, prendre le métro ou faire les courses. A chaque fois je dois me préparer psychologiquement pendant une heure, parce qu'en effet le monde réel est beaucoup moins confortable que l'écran de mon pc […] Est-ce que tout ça fait de moi un autiste ? Pas le moins du monde, si j'ai du mal à parler aux gens, à leur faire confiance au final, c'est parce que dans ma jeunesse j'ai été le souffre douleur de beaucoup de mes camarades, de l'école primaire à la fin de la seconde. Ce qui a amené mon repli vers le monde virtuel. » Je pense qu'on tient là l'essentiel du problème. Si la confusion entre ce « repli autistique » causé par l'addiction aux JV et l'autisme a lieu, c'est parce qu'on néglige un aspect essentiel : les difficultés « périphériques », masquées par le problème social. Dans le 3), j'ai mis en évidence la faculté d'apprentissage qu'on pourrait qualifier de « compensation » des lacunes sociales ; donc, s'il y avait uniquement un problème relationnel, l'autisme disparaîtrait avec le temps n'est-ce pas ? Or, tu peux constater que ce n'est pas le cas, que même après un diagnostic officiel nos soucis perdurent (bien sûr atténués car nous en prenons conscience), contrairement à toi. Je te cite : « Et aujourd'hui je vis plutôt bien, je termine mes études d'ingénieur en informatique, j'enseigne en même temps la programmation à des élèves, j'ai plein d'amis. » Cette phrase montre bien que tu n'es pas Aspie et que tu as réglé ce qui n'allait pas, félicitations (sans ironie). 5) Sans mentir, je ne sais pas comment aborder cet avant dernier point ; n'étant ni spécialiste ni Aspie confirmée par des tests. Je vais alors parler de mon cas et je tiens à ce que les A donnent leur avis si possible. Si quelque chose est contraire à la réalité, n'hésitez pas à me corriger et si vous partagez ce ressenti, faite le moi savoir à la suite ou par MP. La seule consigne est de le faire avec respect. Bien... Se faire des amis, j'ai appris. Passer totalement inaperçue, aussi. Je n'ai jamais connu l'échec scolaire et enfin, je n'ai aucun problème moteur. De quoi puis-je bien souffrir dans ce cas ? De problèmes sensoriels. Rien que deux exemples chez moi : hyperacousie (ou comment ressentir le besoin de s'isoler du bruit) et prosopagnosie (ou pourquoi j'ai du mal à décoder les non-dits, deviner les intentions d'autrui et à reconnaître les personnes). Je pense que l'auteur partage bien une partie de ces particularités vu le témoignage : « si aujourd'hui je suis des cours par correspondance ce n'est pas par facilité mais par nécessité ! À partir d'un moment je n'ai plus pu me rendre en cours, notamment à cause des TP et des travaux de groupe qui me paralysaient littéralement ! Et j'en avais marre d'être toujours toute seule dans mon coin, de passer pour malpolie parce que j'avais la trouille de me prendre un vent rien qu'en disant "bonjour" (oui oui, ça m'est déjà arrivé alors maintenant je me méfie), ou encore de passer pour folle car le moindre bruit soudain me faisait hurler de panique ! ». 6) Vous êtes encore là ? ;) Je sais que certains me liront et c'est une raison qui justifie tous ces pavés. « Oui le choix des mots n'est pas très malin, mais on vit aujourd'hui dans un monde qui nous présente l'autisme suivant deux manière : soit t'es teubé et c'est tout, soit t'es teubé et en plus tu comptes super bien [...]. C'est dans la culture […] suivant ce cliché, oui un ordinateur ressemble à ça. Balancer ce prof à la direction ne servirait à rien […] Ce qu'il faut c'est changer les mœurs dans la durée, pas prendre des mesures extraordinaires au cas par cas sans se soucier des retombées, un peu d'empathie fait toujours du bien les gens. Visiblement ici peu de gens se sont mis à la place du prof. » C'est vraiment franc, faut l'admettre, mais je suis d'accord sur le fond. Évidement, il ne faut pas oublier que la comparaison reste déplacée, que l'auteur est en droit de protester dans un but… informatif (même s'il est trop tard vu que c'était il y a 5 ans). Il faut toutefois comprendre que c'était sûrement dit avec humour, que son intention n'était pas de l'humilier. Et s'il s'est permis ce genre de blague, c'est dû à la méconnaissance de l'autisme. Cinq ans plus tard, remarquez, nous avons le même problème. Bon, je ne sais même pas si mon commentaire pourra s'afficher intégralement et s'il pourra s'afficher tout court (oui ça me fait rire). Je traverse une période assez chargée, j'ai des cours à rattraper et pas mal de choses à faire. En résumé, j'espère que j'ai pu lever quelques malentendus et je vous répondrais quand j'en aurais l'occasion. Allez, bon courage à tous ! Mathilde M.

#250 merci pour trustno1, je n'ai pas compris ce déferlement de colère envers lui. Ya pas de meilleure réponse que la tienne! merci pour tes précisions, tes nuances et ton ouverture d'esprit.

#253 Merci pour ce retour et de ton intérêt pour le sujet. Dans les faits, je suis venue spécialement pour lire la VDM aussitôt prévenue par une amie (vraiment enjouée à l'idée que les Aspies puissent y trouver l'occasion de s'exprimer). C'est comme ça qu'on le voyait : en profiter pour sensibiliser, tenter de corriger certains préjugés et au passage renseigner les plus curieux. Alors c'est précisément un questionnement comme celui de Trutno1 que j'attendais ! Je regrette de ne pas l'avoir lu plus tôt.

Je suis aussi autiste Asperger, et bien que je n'aie encore jamais eu de copain, je préférerais un homme neurotypique. D'abord, les hommes autistes que je connais ne m'intéressent pas, et j'ai l'impression que leurs traits autistiques finiraient par me tomber sur les nerfs (oui, même ceux que j'ai aussi). Ensuite, et surtout, parce que j'ai besoin de quelqu'un qui me complète et qui puisse m'aider dans les aspects de la vie qui sont plus difficiles pour moi. Et puis, il y a aussi une partie de moi qui veut réduire les chances d'avoir des enfants autistes, parce que je n'ai pas envie que mes enfants vivent les mêmes difficultés que moi.

MelleMC: Effectivement avoir des enfants en tant qu'asperger est quelque chose d'effrayant. Pour ma part, je ne me vois pas père, trop de responsabilités alors que je n'arrive pas déjà à m'occuper de moi-même. Cependant, avec une de mes exs que je fréquente toujours et s'apprête à devenir prochainement mère avec son nouveau compagnon, je pense que ça l'aurait fait car elle a la tête sur les épaules pour compenser mes problèmes et mes incapacités dans certains domaines. Après avoir des enfants entre autistes est "risqué" pour ainsi dire du point de vue génétique, l'autisme étant surtout génétique (j'ai trois cousins autistes et l'un de mes frères l'est très certainement) et donc il y a un fort risque d'avoir des enfants autistes même si ce n'est pas forcément la fin du monde... mais bon, c'est un fait à prendre en compte.

InDoGa: effectivement, il y divers autismes asperger. Le cas de ton copain me fait penser un peu à moi, d'ailleurs sauf pour le côté "pratique". Lors des tests, il a été noté que mes "capacités de communication peuvent faire illusion quant au diagnostic" à cause de ma capacité à imiter les autres, ce qui m'a sauvé et ma capacité à plutôt bien lire les émotions, au point que l'orthophoniste que j'ai rencontré était incapable de déterminer un bilan tranché tant cela est inhabituel. Mais au bout d'un moment et avec la fatigue, mes traits autistiques reprennent le dessus de façon évidente. Mon corps fonctionne comme un aspie, mais mon langage fonctionne plutôt bien, car j'arrive à faire illusion au prix d'une fatigue extrême dans les interactions sociales. Chacun son autisme, il ne faut donc pas rentrer dans les clichés sur ce syndrome ce que l'ensemble des commentaires de cette VDM me montre de façon évidente. Tout cela aura déjà servi à ça!

Il me semblait avoir lu que le syndrome d'Asperger serait d'ordre génétique ? Est ce le cas ? En tout cas, si pour les personnes Aspies sont tellement effrayées à l'idée d'avoir des enfants, n'est ce pas au contraire plus rassurant lorsque l'on est avec un neurotypique, sur ce point ? En ayant des enfants avec mon copain, si celui ci craint de n'être pas à la hauteur, je serais là pour le supporter. Et comme il est lui même un grand enfant, je suis sur qu'il n'aura aucun soucis pour jouer avec eux et s'en occuper (on risque de dépenser autant en jouets pour le papa que pour les petits ;) ). Pour ma part je ne suis pas effrayée à l'idée que l'enfant pourrait être comme le père. Au moins la maison sera peut être bruyante, mais joyeuse et animée ! (et concernant le débat normal/bizarre lancé plus haut, je pense qu'au fond, oui, j'aime la "bizarrerie")